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Communication Dans Un Congrès Année : 2021

Un projet de « campus ouvert » pour les habitants du quartier d’Outumaoro, à Punaauia, au cœur des préoccupations sociales

Résumé

Depuis 2019, sur l’île de Tahiti, une réflexion s’est engagée entre l’université de la Polynésie Française (UPF) et la mairie de Punaauia en vue de l’ouverture réciproque du quartier social « Outumaoro » et du campus université éponyme. Dans le cadre du Projet de Renouvellement Urbain, la mairie de Punaauia souhaite développer les jardins collectifs, notamment en faveur des habitants de ce quartier social. Le développement de tels jardins dans ce quartier est perçu par les acteurs (mairie, associations de quartier, habitants, communauté universitaire…) comme un moyen de renforcer les liens sociaux, d’initier les jeunes à la préservation de l’environnement et de renouer avec la tradition du fa’a’apu (le jardin potager en tahitien) afin de lutter contre la pandémie d’obésité. En effet, dans un souhait d’ouverture du campus sur l’extérieur, puis par manque de place au sein du quartier, un jardin collectif devrait être mis en place, permettant de créer du lien entre ces deux communautés. Le développement de jardins collectifs au sein du campus pourrait favoriser la mixité sociale en associant ces populations, voisines et différentes (classes d’âge, CSP…), qui se croisent, mais cohabitent peu. Le sentiment de stigmatisation et d’exclusion qu’éprouvent les habitants de ce quartier pourrait être dépassé par leur inclusion dans un projet de jardins collectifs, en collaboration avec la communauté universitaire. Ainsi, ce projet permettrait de valoriser les savoir-faire des deux communautés, que ce soit par le rapprochement, les échanges, le partage des techniques et des outils, l’entre-aide, jusqu’à renforcer la confiance en soi et envers les autres. Cependant, les étudiants et certains personnels du campus semblent méfiants envers ces personnes extérieures au campus. L’analyse des entretiens semi-directifs révèle que les interlocuteurs lisent les interactions entre les deux populations – universitaires et issues d’un quartier social périphérique – selon des critères sociaux et non pas ethniques. Cette ethnicisassions des relations humaines, dans une perspective essentialiste constitue, du reste, un lieu commun qu’il convient de déconstruire : dans ce cas précis, des Polynésiens s’inquiètent de l’ouverture du campus à d’autres Polynésiens, mais à la sociologie distincte de la leur. Or, Si certains des incidents passés ont été attribués à des personnes originaires du quartier d’Outumaoro, il faut toutefois préciser que d’autres ont été provoqués par des étudiants eux-mêmes. Ainsi, par la volonté de désenclaver les universités pour en faire des lieux de vie insérés dans leur environnement, puis d’inclure à la vie du campus les populations résidantes à proximité, ce jardin collectif associerait des communautés sociales différentes. De plus, le projet de campus ouvert permettrait d’échanger des connaissances, scientifiques ou vernaculaires : d’une part, de permettre la vulgarisation des savoirs et la diffusion de la culture à un public autre que celui universitaire ; d’autre part, de mettre à profit les connaissances non académiques des habitants, qui constituent une richesse profitable au monde universitaire. Au travers d’un partenariat entre la mairie de Punaauia et l’UPF, plusieurs actions seraient envisagées (échange réciproque, enrichissement mutuel, ouverture à la fois du campus et du quartier), ce qui profiterait non seulement à ces communautés, mais plus largement à l’ensemble des habitants voisins. Les lignes directrices principales s’orienteraient donc vers les échanges culturels, sportifs, sociaux et artistiques.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-03433870 , version 1 (06-12-2021)

Identifiants

  • HAL Id : halshs-03433870 , version 1

Citer

Anthony Tchékémian. Un projet de « campus ouvert » pour les habitants du quartier d’Outumaoro, à Punaauia, au cœur des préoccupations sociales : le jardin collectif, une initiative souhaitée, mais appréhendée. Quand les solidarités font territoires. Interroger les géographies du lien social à l’aune de la crise globale, L’Association de Géographes Français (AGF); Le Centre d’Études sur le Développement des Territoires et l’Environnement (CEDETE) de l’Université d’Orléans; Le Réseau régional multi-acteurs de la coopération internationale et de la solidarité en région Centre Valde-Loire (CENTRAIDER), Dec 2021, Orléans, France. ⟨halshs-03433870⟩
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