Collections éditoriales et travail du sens au XXe siècle - Université Pierre et Marie Curie Accéder directement au contenu
Autre Publication Scientifique Année : 2012

Collections éditoriales et travail du sens au XXe siècle

Résumé

Les études qui constituent le présent numéro des Cahiers du CRHQ sont issues d'une journée d'étude qui s'est tenue à l'Abbaye d'Ardenne le 10 janvier 2008. Organisée conjointement pour la première fois par l'Institut Mémoires de l'Édition Contemporaine (IMEC) et par le CRHQ, elle avait pour intitulé : " Collections éditoriales et effets de sens au XXe siècle " .Le projet s'inscrivait délibérément dans une perspective à bien des égards fondatrice de l'histoire de l'édition : le refus d'une approche du texte qui ne tiendrait pas compte de ses conditions d'appréhension par le lecteur. Ce refus ne se réduit pas à l'affirmation d'un jeu de contraintes, principalement économiques et matérielles, dont chaque " auteur " devrait tenir compte pour diffuser une " pensée " demeurée elle libre et indépendante. Une telle réduction aboutirait à préserver une idéologie du milieu littéraire qui sacralise le texte, fait de son imperméabilité aux contingences de la vie sociale le signe même de son achèvement. Bourdieu parlait à ce propos dans Les Règles de l'art d'une " rage d'affirmer l'irréductibilité de l'œuvre d'art ou, d'un mot plus approprié, sa transcendance ". Cette dichotomie pensée/support est artificielle dans la mesure où le livre inclut toujours un ensemble de dispositifs qui conditionnent, déterminent ou infléchissent l'appropriation du texte par le lecteur. L'histoire de l'édition prend ces dispositifs pour objets et c'est à ce titre qu'elle s'intéresse aux collections. La collection, en tant que dispositif éditorial, émerge et s'impose au XIXe siècle. Elle peut dès lors faire l'objet d'une analyse en termes de dispositif formel susceptible, au même titre que la présentation, le format, la mise en page, la préface, le prix, etc. d'un ouvrage paraissant hors collection, d'influencer l'interprétation par le lecteur des textes imprimés qu'elle inclut. Cette approche est d'autant plus licite au XXe siècle, où la collection est devenue une forme familière au lecteur comme à l'éditeur. La réception critique autant que les stratégies éditoriales laissent supposer le poids de ce dispositif dans la qualification du texte. Après une tentative de caractérisation de la collection en tant qu'objet éditorial, les textes qui figurent dans ce cahier sont des études de cas précis. Elles privilégient le point de vue des structures éditoriales, sans laisser dans l'ombre, ce qui n'aurait guère de sens, celui du lectorat. Elles visent aussi à fournir des éléments d'interprétation de la multiplication considérable des collections éditoriales, liée pour une part aux problèmes posés aux maisons d'édition par la gestion d'effectifs sans cesse accrus de publications et de republications, mais où l'on pourrait aussi postuler le résultat de l'efficience d'un procédé de valorisation des textes imprimés. La journée du 10 janvier 2008 incluait les interventions de deux éditeurs, François Gèze pour La Découverte et Laure Leroy pour Zulma, présentant les tenants et aboutissants de l'exploitation du dispositif " collections " par les maisons qu'ils représentaient. Leur propos n'est pas reproduit ici, pour des raisons exclusivement techniques. Je ne peux que le déplorer, tout en les remerciant de nouveau de leur contribution au dialogue des professionnels de l'édition avec des historiens. La communication de Jean-Yves Mollier intitulée " La délégitimation des auteurs des collections bon marché au début du XXe siècle ", n'a pu non plus été reproduite pour des raisons différentes [3]. Ultime précision liminaire : dans tous les textes qui vont suivre, les noms de collections sont indiquées entre guillemets. Il s'agit d'un choix rendu nécessaire par l'absence de norme bibliographique unifiée pour cet objet éditorial. -------------------------------------------------------------------------------- 1 Il me faut remercier ici de nouveau toute l'équipe de l'IMEC, et plus particulièrement Alain Massuard, alors directeur des collections, et Elvire Lilienfeld, qui ont joué un grand rôle dans l'organisation de cette rencontre. 2 Pierre BOURDIEU, Les règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire, Paris, Éditions du Seuil, 1992, nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Seuil, 1998, p. 11. 3 Jean-Yves Mollier a apporté une aide indispensable dans la mise sur pied de cette journée. Qu'il en soit ici de nouveau chaleureusement remercié.

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  • HAL Id : hal-01067942 , version 1

Citer

Benoît Marpeau, Nicolas Hubert, Julien Hage, Isabelle Olivero, Bertrand Hamelin. Collections éditoriales et travail du sens au XXe siècle. 2012, 95 p. ⟨hal-01067942⟩
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